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Sarah et Océane

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Sarah et Océane, apprenties au CFA Martello se sont rencontrées pour échanger sur leur parcours, leur vie d’apprentie électricienne et leur vision de l’apprentissage.

Sarah
 : Je suis en terminale BTS électrotechnique et j'ai 26 ans. J’ai repris mes études il y a deux ans après 5 ans d’arrêt. J’avais arrêté pour des raisons personnelles après un bac pro Electrotechnique et une première année de BTS fluide énergie environnement. Pendant la coupure, j’ai occupé plusieurs postes et, lorsque mon agence d’intérim m’a proposé de reprendre un BTS en alternance chez Cofely (aujourd’hui Engie), je travaillais dans un pressing… J’ai su que c’était une bonne occasion car le pressing n’était pas ma vocation et le peu de pouvoir d’achat que je perdrais pendant deux ans en apprentissage, je le retrouverais dans le futur grâce un diplôme, un poste plus élevé, des possibilités d’évolution… Aujourd’hui en BTS 2ème année, je gagne 900 euros par mois, c’est le salaire un temps partiel en pressing…

Océane : J'ai 18 ans, je suis en terminale ELEEC. J’ai fait ma seconde est ma première en scolaire en lycée professionnel. J’ai fait tous mes stages dans la même entreprise. Les responsables m’ont proposé la formation apprentissage pour ma dernière année parce qu'ils m'ont dit que c'était plus professionnalisant, que les entreprises préféraient les anciens apprentis car ils sont habitués à être sur le terrain. Quand tu fais un cursus scolaire, tu n’es pas prête pour le terrain, tu n’es pas autonome et tu gardes une mentalité de stagiaire pendant trop longtemps.

Sarah : Je confirme, ça fait de l'expérience en plus mais aussi ça te permet d’acquérir l’esprit d’entreprise, la connaissance du fonctionnement d’une entreprise.

Océane : Oui, on fait vraiment partie de l’équipe, les gens te font confiance et te donnent des responsabilités. C’est d’ailleurs le plus gros changement que j’ai vécu : la prise d’autonomie. On ne me traite pas comme une stagiaire à long terme mais comme une collègue plus jeune qu’on accompagne vers l’autonomie.

Sarah : Moi c’est ce qui m’a fait le plus changer : tu es considérée comme une adulte alors tu muris.

Océane : Oui, moi j’ai l’impression d’avoir fait un bond en avant, ça m’a fait grandir et ma mentalité change encore.

Au premier abord, l’une comme l’autre, vous paraissez très timide, vous arrivez à vous affirmer en entreprise ?

Océane : Je suis timide avec les gens que je ne connais pas. En entreprise, je suis très à l’aise parce que je suis intégrée et je connais les gens sur la durée. Et puis, il y a une relation de confiance qui s’instaure alors ça met à l’aise.

Sarah : Moi je suis arrivée dans une entreprise que je ne connaissais pas, à la différence d’Alizée qui avait fait ses stages. J’ai observé l’équipe pendant un temps : ils étaient jeunes, drôles et surtout ils voulaient que je réussisse. Au début, ils m’ont testée sur des tâches salissantes. Ils pensaient que je ne voudrais pas me salir les mains et tâcher mes vêtements. Ça ne m’a posé aucun problème de me salir ! (rires)

Océane : Moi aussi ils m’ont testée là-dessus, je devais poser des lumières dans des écuries, il fallait mettre les pieds dans le purin : j’y suis allée. Il faut casser l'image que les hommes se font des jeunes femmes en entreprise et leur montrer qu'on peut et qu'on veut travailler quelles  que soient les conditions de propreté. Ils ont des a priori sur notre capacité à nous salir !

Quelles sont vos activités quotidiennes en entreprise ?

Océane : Je fais principalement des installations domestiques (tout ce qu'il y a dans une maison équipements,  tableau électrique etc.), en neuf et en  rénovation. On fait aussi des magasins et des panneaux photovoltaïques car mon entreprise a une branche couverture.

Sarah : Je suis postée à l'école des Mines qui est une école d’ingénieurs à Carquefou, on fait principalement de la maintenance préventive dans tous les bâtiments du site : les restaurants, les logements,  les bureaux, les  bâtiments de radiochimie. Il nous arrive de faire aussi du neuf. Je fais aussi de la demande de devis, normalement, ce n'est pas notre service qui le fait mais comme je suis en apprentissage et qu'ils veulent me former à tous les aspects du métier, ils me font faire les demandes pour différents projets et je dois  argumenter mes choix. En règle générale, certaines tâches se répètent quotidiennement, c'est rassurant car ça permet de voir sa progression.

Quelle est votre plus grande satisfaction concernant l’apprentissage ?

Sarah : C’est très motivant : on apprend en travaillant, on est rémunéré pour apprendre notre métier et surtout on a une perspective d’embauche.

Océane : Le salaire qu'on me donne est  élevé par rapport à mon expérience vu que c’est ma première année d’apprentissage et que j’ai un salaire de  troisième année de bac donc je veux vraiment être à la hauteur, je veux vraiment donner satisfaction pour valoir mon salaire. Je fais beaucoup d'efforts pour ça et je demande des pistes de progression à mon maitre d’apprentissage. L’objectif qu’ils m’ont donné, c’est de pouvoir faire aussi bien que maintenant mais un peu plus rapidement.

Quels aspects de l’apprentissage sont les plus difficiles pour vous ?

Sarah : La plus grosse difficulté c'est me remettre dans le bain chaque lundi de CFA. La rupture est difficile.

Océane : Pour moi, ce qui est compliqué, c'est de devoir travailler à la maison après une journée de travail en entreprise. Quand on est au CFA, cela ne pose pas de problème car on est dans un rythme d'études. Mais se remettre au boulot après huit heures de travail… Je repousse au week-end…

Encourageriez-vous une jeune femme à se diriger vers un apprentissage en électricité ?

Sarah : Oui, si l’électricité lui plaît et si elle a l’esprit ouvert. Il ne faut pas se vexer pour chaque remarque, sur un chantier il y a des remarques, et je ne parle pas de remarques sexistes. Je pense qu'il ne faut pas être trop « chochotte », comme dans tous les métiers.

Océane : Oui oui ! Pour qu'elle se rende compte au plus vite de ce qu'est la réalité du métier. Les stages ne permettent pas d’expérimenter la réalité, notamment parce que les règles de sécurité sont importantes et qu’en stage, le tuteur n’est pas sûr qu’on soit prêt à les respecter donc il ne nous laisse pas manipuler.

Quel conseil donneriez-vous à une jeune femme qui craindrait de rencontrer des réticences à l’embauche ?

Océane : Elles doivent montrer qu'elles n'ont peur de rien et insister sur leur valeur ajoutée, sur leur minutie et leur sens pratique.

Sarah : C’est vrai ! La semaine dernière,  on mettait un ballon d'eau chaude et il était trop haut, j’ai proposé qu’on coupe les pieds, le truc pratique auquel ils n’avaient pas pensé ! Ce sont des petits détails comme ça qui font la différence, du pratico pratique, de l'esprit d'adaptation. Ce qu’on ne peut pas donner pour les travaux de force, il faut le donner dans les aspects pratiques ou esthétiques. On vise la complémentarité.

Océane : Moi je n’ai jamais été en difficulté pour des travaux de force car lorsqu’il y a des gros câbles à tirer, les collègues sont avec toi. Par contre il ne faut pas partir, il faut participer ! Et je suis d’accord sur le côté esthétique : lorsque je trouve qu’une prise est moche à l’endroit où elle est, je propose qu’on la décale, qu’on la mette à un autre endroit de la  façade, pour une prise de terre par exemple. Souvent, les collègues ne prennent pas les aspects esthétiques en compte.

Comment envisagez-vous la suite ?

Océane : Je pensais chercher du travail après mon bac mais je pense tenter le BTS. En fait, avec l’alternance, l’idée de faire un BTS est plus attirante. Moi je n’ai jamais trop aimé les cours, alors la partie entreprise permet de tenir les semaines de cours, de rester concentrée.

Sarah : Pour moi, la prochaine étape c’est, je l’espère, de continuer comme salariée chez Engie.